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Projet Escale Provence

22 février 2009

PROJET DE SERVICE DU C E R L ESCALE PROVENCE

SOMMAIRE

I. Préambule

II. Cadre général du CER Escale Provence 

III. L’Adolescence

IV. Le cahier des charges des  CER

V. Profil des jeunes accueillis

VI. Le projet : « Vivre avec » et « faire avec » dans un cirque

VII. Les modalités d’Hébergement   

VIII. Les relations avec la famille

IX. Organisation et déroulement d’un séjour

X. L’activité

XI. Organisation des moyens

XII. Evaluation contrôle

XIII. Validation du projet CER

XIV. Annexes

I. Préambule

1)       Association porteuse du projet CER

L’Association l’Escale Provence  s’est constituée autour de personnes ayant déjà une expérience de gestion de centre éducatif renforcé en l’occurrence celle des 2 centres éducatifs renforcés du département de l’Essonne. L’Association a été déclarée à la Sous Préfecture d’Aix en Provence le 25 juillet 2005 ( JO du 20 août 2005).

Les dirigeants de l’Association l’Escale «  Provence » sont :

-Président : Hubert Charbonnier Educateur Spécialisé diplômé de l’Ecole Nationale de la Santé Publique de Rennes (CAFDESS) en 1982. Fonctions de direction à la Maison de la Juine de 1978 à 2002 (établissement recevant des adolescents délinquants qualifiés de difficiles), fondateur de l’Association l’Escale en 2003 en île de France  qui gère 2 centres éducatifs renforcés dont l’activité est organisée autour de cirques familiaux traditionnels, actuellement Président de cette Association.

- Trésorière : Madame Rognon Carole  éducatrice spécialisée titulaire d’un DEES « politiques sociales et stratégies de direction »  directrice d’un foyer d’accueil d’urgence  de 1991 à 2002   puis directrice des 2 CER cités plus haut.

-Secrétaire : Monsieur Jacques Ceaglio  Moniteur Educateur actuellement dans un processus

De validation de l’expérience et des acquis en vue de l’obtention de la qualification d’éducateur spécialisé. Il a une expérience de travail en C E R auprès des cirques familiaux.

2) Cheminement du projet :

Il s’agit d’une réponse à une sollicitation de la D R P J J de P A C A C, relayée par la DDPJJ des Bouches du Rhône pour mettre en œuvre un C E R dans ce département. Nous ne souhaitions pas agrandir la capacité de fonctionnement de l’Association basée dans le département de l’Essonne  c’est pourquoi nous avons proposé la création d’une Association autonome qui puisse s’inspirer du projet  de l’Escale île de France tout en l’adaptant et en l’actualisant. Ce projet s’appuie donc sur une expérience en cours qui donne jusqu’alors toute satisfaction quant aux objectifs poursuivis.

II. Cadre général du CER L’Escale Provence  « Le Cirque »

Le CER prend en charge pendant une période de trois mois éventuellement renouvelée une fois des jeunes (garçons ou filles) âgés de 15 à 17 ans et 9 mois ayant des comportements délinquants multirécidivistes, ces jeunes ayant eu un parcours de placement en institution classique ou  n’ayant pas pu être placés. Une habilitation au titre de l’ordonnance du  2 février 1945 sera sollicitée à cette fin. Le CER répondra également aux obligations de la loi du 2 janvier 2002 (les documents seront travaillés dès autorisation de création).

Le CER fonctionne toute l’année avec des entrées et sorties permanentes.

La capacité d’accueil est de 6 places auxquelles s’ajoutent 2 places d’accueil d’urgence pénale d’une durée maximale de 1 mois.

Pendant ces trois mois, nous devons remettre en place une relation à l’adulte qui a été sinon complètement  interrompue du moins fortement placée sous le signe de la violence et de la défiance. Les fondements de cette prise en charge reposent sur :

1         L’itinérance

2         La prise en charge individuelle : notion de groupe éclaté

3         Les valeurs intergénérationnelles développées dans les cirques : respect des anciens, respect des filles, respect de l’autre,  « donner » à l’autre (le spectateur)…

4         La valeur travail : abondance et différence d’activité et de tâches, confiance en soi et en autrui

Le statut des jeunes : Les jeunes accueillis sont âgés de 15 à 17 ans  ¾, ils ont le statut de stagiaires non rémunérés ce statut est concrétisé par la signature d’une convention de stage entre le jeune et l’entreprise cirque validée par les parents et l’association. (exemple de convention en annexe). Cette convention individuelle est signée pour  la durée d’une session. Elle permet à l’association de couvrir tous les risques inhérents au stage  par sa compagnie d’assurance. Dans ce cadre, le jeune peut percevoir en fin de stage une gratification financière ne pouvant pas excéder 20% du SMIC.

III. L’Adolescence

Cette période de l’existence est un temps de «passage » pendant lequel des révolutions s’opèrent : évolution physiologique avec l’apparition de la puberté, évolution psychique.

Ces révolutions produisent une grande anxiété qui elle-même exacerbe le climat relationnel de l’adolescent avec son entourage. La contestation et la transgression sont des attitudes normales du développement de l’adolescent, elles font partie d’un processus de maturation qui amènera progressivement le jeune à l’état  d’adulte. La prise de risque et l’aventure sont également des facteurs de développement de l’adolescent.

L’adolescence est une période de fragilité et de vulnérabilité, tous les événements prennent des dimensions extraordinaires, les sentiments amour ou haine sont eux aussi exacerbés. Le besoin d’identification est également très fort. « L’adolescence est surtout caractérisée par toutes les formes de la révolte car on ne se pose soit même qu’en s’opposant, on ne s’affirme qu’en niant ».

Dans ce processus d’adolescence l’accès à la liberté tient une place prépondérante. La liberté vécue sur le thème de la libération devient une valeur et peu être une valeur primordiale qui supplante toutes les valeurs traditionnelles, puisqu’elle les nie. «Vivre sa vie » il y a dans cette expression une espérance et une volonté. Tout ce qui contredit la libre expression de cette liberté dans ses formules les plus extravagantes est vécu comme contrainte injuste.

D’innombrables actes et d’innombrables engagements, l’abandon d’innombrables tentations sont effectuées à cet âge uniquement pour se prouver à soi même qu’on est libre.

L’adolescence est donc une période sensible de l’existence qui  cultive tout les paradoxes, toutes les angoisses, toutes les fragilités, tous les espoirs.

« Quoi qu'il en soit, l'adolescence est une période de passage et d'expérimentation, dans une perspective de construction identitaire. Nous devons conserver ceci à l'esprit pour bien nous garder d'étiqueter un adolescent. Lorsque l'adolescent expérimente certaines manières d'être, cela ne signifie pas qu'il sera ainsi structuré plus tard. Or si on étiquette un adolescent, il n'aura de cesse d'honorer cette étiquette, ce qui peut s'avérer ravageur lorsqu'on le qualifie de délinquant ».  (Professeur Marie Rose Moro  psychiatrie enfant et adolescents Université paris XIII )

L'Adolescence...

« C'est un coin d'herbes folles, de bleuets, de chiendent,
Blotti entre la jungle infernale des grands
Et le petit jardin tranquille de l'Enfance,
C'est une île inconnue de vos cartes adultes,
Un lagon épargné, une prairie inculte,
Une lande battue où les korrigans dansent »

(Henri Tachan chanteur)



IV. Le cahier des charges des  CER

Le cahier des charges (joint en annexe) des CER édité par l’administration centrale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse rappelle les principes qui sous-tendent le fonctionnement en CER :

-          Mineurs délinquants en grande difficulté

-          Petites unités d’hébergement

-          Eloignement du milieu naturel pour un temps limité

-          Accompagnement éducatif permanent renforcé

-          Rupture avec leur milieu et avec leur parcours propre

-          Activité de jour de remobilisation.

La présentation de ce projet s’articule autour de ces six thèmes.

V. Profil des jeunes accueillis

Les jeunes accueillis sont des adolescentes et des adolescents en crise âgés de 15 à 18 ans qui ont commis des actes de délinquance en nombre important (multirécidivistes), déscolarisés, exclus des institutions éducatives classiques, en refus de toute prise en charge. Ce qui peut également caractériser cette population c’est la vie dans l’environnement urbain,  la non acquisition ou la perte de repères permettant une socialisation.

C’est aussi la perte de lien avec le monde des adultes  qui peut être plus ou moins  importante et qui dans tous les cas  renforce un sentiment de dévalorisation.

« Je tiens à souligner que l'essentiel, quand on s'occupe d'un adolescent en crise, est d'éviter qu'il ne se dévalorise et qu'il ne se coupe du monde des adultes. Dire par exemple à un adolescent en situation pathologique, c'est-à-dire en prise avec des contraintes dont il n'arrive pas à se délivrer, qu'il ne se rend pas compte des avantages dont il dispose, de son bonheur vis-à-vis de ceux qui n'ont rien, est à proscrire car cela renforce sa détresse. De même, il ne faut pas se contenter de déplorer la situation lorsqu'elle est mauvaise et ne rien dire lorsqu'elle est bonne. Parallèlement, l'éducateur doit s'efforcer de maintenir un lien entre le monde de l'adolescent et celui des adultes. Si un jeune ne s'entend plus avec sa mère mais s'entend avec son père, la situation n'est pas trop grave. Elle devient plus problématique si le jeune ne s'entend ni avec son père ni avec sa mère, et dramatique s'il ne s'entend avec aucun adulte. Une rupture totale avec le monde des adultes plonge en effet l'adolescent dans un comportement exclusivement violent, contre lui-même ou contre les autres ». (Professeur Philippe Jeammet  psychiatrie enfant et adolescents Université paris VI ).

Cette rupture  se vérifie par des comportements de refus de toute offre d’aide de l’éducateur qui va  souvent  être perçue comme une tentative de récupération.

« La tendance qu'a l'adolescent à ne pas vouloir recevoir des adultes ce qui pourrait lui être bénéfique, donne une dimension toxicomaniaque aux conduites d'échec et de refus » « L'échec, quel qu'il soit, n'est pas donc pas un choix mais une contrainte »

« Faire peur aux autres permet à l'adolescent d'évacuer sa propre peur »

«  Plus l'adolescent refuse de l'aide, plus il va mal, plus il a besoin d'aide, et plus il continue de refuser l'aide offerte. Si toute conduite d'échec à l'adolescence, y compris les tentatives de suicide, n'est pas pathologique, elle est donc au moins pathogène. Quand l'adolescent trouve le moyen de susciter à la fois l'intérêt des adultes et de les mettre en échec, il y prend goût. »

« L'échec, quel qu'il soit, n'est pas donc pas un choix mais une contrainte »

(Professeur Philippe Jeammet psychiatrie enfant et adolescents Université paris VII ).

Toutefois, les pathologies psychiatriques diagnostiquées sont une contre indication pour l’accueil des jeunes dans notre C E R ainsi que les pratiques toxicomaniaques connues et lourdes qui relèvent de soins de type consommation de drogues dures.

VI. Le projet : « Vivre avec » et « faire avec » dans un cirque

1)       Un accueil « autrement »

Le premier objectif est de renouer le contact en  « surprenant » ces jeunes qui peuvent apparaître blasés dans leurs attitudes provocatrices.

Nous devons donc trouver des intermédiaires capables d’atteindre les adolescents en très grande difficulté. Nous devons aussi créer des occasions de rencontre, d'échange entre adultes et adolescents.

Il faut inventer un cadre relationnel qui les éloigne de ce qu’il connaissent le mieux :  « l’institution » , qu’ils pratiquent depuis des années et qui n’ont pas leur pareil pour en décoder toutes les arcanes vu qu’ils y étaient souvent en position de leader négatif et qu’ils en ont été exclus. Penser un mode de prise en charge ou une nouvelle mise en perspective du rôle de l’éducateur est possible, pour cela nous remettons en place un encadrant qui  « vit avec » et « fait avec ».Vivre quoi ? et Faire quoi ? : vivre la vie des voyageurs, faire le travail de circassien, c’est la manière originale que nous avons retenue pour réaliser nos objectifs.

Dans la pratique quotidienne, cela nous amène à repenser l’intervention de l’éducateur qui fait vivre la relation avec les jeunes à partir de l’aventure qu’il partage avec eux car l’immersion dans ce monde du voyage et du spectacle en est une. Le cirque est très présent dans l’imaginaire, il représente souvent un univers où le merveilleux cohabite avec le mystérieux et le sentiment de liberté. Vivre une période de sa vie auprès de gens qui font le spectacle avec des animaux qui amusent ou qui inquiètent, dans un environnement chaque jour renouvelé, est de nature à déclencher une rupture avec le quotidien de la cité ou de la ville  et de procurer cet espace  de liberté au travers de l’itinérance. Avec le recul de plus de deux années de fonctionnement en Ile-de-France, nous nous sommes aperçus que ce temps passé auprès des « circassiens », restera pour une grande majorité des jeunes et des encadrants une formidable expérience dont ils se souviendront longtemps.

2)       Un cadre solide

Le second objectif est de proposer un cadre suffisamment solide  pour que cette solidité puisse être éprouvée par les jeunes et que la cadre s’impose à tous. L’organisation d’un cirque  le procure. Le patron du cirque en est le garant. C’est un cadre qui s’impose  au nom de l’efficacité et de la coordination des différentes tâches. Chaque membre de ce collectif a sa place,  les tâches étant assignées pour arriver dans un minimum de temps au but commun : monter le chapiteau et produire le spectacle.

3)       Assurer la durée du placement

Le troisième objectif est de « tenir » le temps du placement (3 mois) quels que soient les comportements des jeunes. Pour cela, nous avons choisi d’éclater le groupe et d’organiser la prise en charge par modules de 2 jeunes et un encadrant immergés dans une famille de cirque. Cette façon de faire répond à notre souci de ne pas recréer un groupe institutionnel classique :  « jeunes faces aux éducateurs » mais au contraire « jeunes et éducateurs inclus dans le collectif du cirque ». Dans ce cas de figure, toutes les relations de prestance et de leadership interne au groupe de jeune sont annihilées. Les démonstrations de force se décalent, elles se mesurent sous le chapiteau face aux épreuves que constituent les différents numéros.

Les attitudes de toute puissance se régulent et petit à petit, sans provocation, chacun est amené à montrer son savoir faire, «  la vérité se manifeste au centre de la piste », ou au montage du chapiteau.

Cette force qui canalise la violence, étant une des problématiques des jeunes confiés, peut être utilement valorisée dans le contexte du cirque. Ces différents exercices sont aussi remarquablement précieux car ils participent au développement physique harmonieux du jeune qui est très largement observé au moment de la sortie.

La fragmentation du groupe de jeune ainsi que la multiplicité des partenaires circassiens permet d’adapter la prise en charge au profil  de chacun.

Pour « tenir » le temps du placement nous mettons également en place des activités qui éloignent ponctuellement tel ou tel jeune du cirque. Ces activités  peuvent être plus traditionnelles. Le fait de s’écarter du cirque momentanément permet de mesurer l’évolution du jeune dans sa relation à l’adulte. Ce va-et-vient entre « cadre cirque » et autres activités savamment orchestrées produit un rythme de prise en charge qui peut être lu comme une progression du plus difficile au plus simple.

4)       Optimiser le placement

Le dernier objectif est de faire de ce placement  un moment certes d’hyperactivité qui canalise les différentes pulsions des jeunes, mais aussi un moment propice à une réflexion sur soi, un moment de réconciliation  et de valorisation de sa propre image pour l’avenir (les jeunes sont souvent très étonnés des performances qu’il sont capables d’accomplir en fin de séjour).

VII. Les modalités d’Hébergement   

Il ne s’agit pas d’un hébergement réunissant matériellement l’ensemble des jeunes confiés au CER. En effet, l’encadrant et les 2 ou trois  jeunes adoptent le même type d’habitat que les gens du « voyage ».

Sur chaque site il est prévu un ensemble camping car / caravane. Le camping car est le lieu de l’encadrant et également le lieu où se prépare et se prennent les repas en commun. Chaque camping car possède une douche. La caravane est le lieu de couchage des deux jeunes. Dans certains cirques, les hébergements des jeunes peuvent être  fournis par le cirque lui même  (dans des unités plus importantes).

Ce mode d’hébergement un peu « rustique » permet de pointer auprès des jeunes le mode de vie des circassiens et de prendre conscience que les commodités qu’ils ont par ailleurs dans  leur résidence habituelle sont loin d’être négligeables.

Par définition, les gens du cirque sont des voyageurs dont le mode d’habitat en caravane est adapté à leur besoin de confort et de mobilité.  La confrontation à ce mode de vie institue une certaine précarité et les besoins qui paraissent évidents à satisfaire (eau, électricité, toilettes) prennent tout à coup dans l’organisation de la vie quotidienne  une très grande importance. 

VIII. Les relations avec la famille

Les parents sont rencontrés dans la mesure du possible en audience chez le magistrat. Les détenteurs de l’autorité parentale sont signataires de la convention de stage avec le cirque, en présence du magistrat. Un exemplaire du livret d’accueil leur est remis. C’est l’éducateur fil rouge de milieu ouvert qui garde une relation privilégiée avec la famille du jeune. Cependant les familles sont régulièrement informées de tout accident ou fugue qui pourraient survenir pendant le séjour.

Nous répondons à toutes les sollicitations mais nous ne les provoquons pas. Ainsi les familles si elles le souhaitent peuvent venir rendre visite à leur enfant une fois dans le séjour et une communication téléphonique hebdomadaire  est possible. Pendant toute la durée de la session le téléphone portable est interdit.

IX. Organisation et déroulement d’un séjour

Le séjour d’une durée de trois mois n’est pas organisé en sessions. Cela permet une ouverture de l’activité en permanence et une entrée différée pour chaque jeune dans la structure. Cette manière de faire limite « l’effet groupe » et permet une certaine initiation du « nouveau » par les plus anciens. Le mode relationnel conflictuel est par ce biais largement restreint.

Le temps de séjour est donc de trois mois de date à date, il peut éventuellement être prolongé par le magistrat d’une autre période de trois mois.

1) Admission :

Un dossier d’admission est adressé au CER : il comprend outre des pièces administratives une note présentant le profil du jeune et les raisons qui prescrivent le placement en C E R. Ce dossier est étudié par la direction. Dans le cas où la candidature est retenue, le travailleur social « fil rouge » qui la propose prend rendez vous avec le magistrat qui demande le placement. Lors de cette audience le cadre de direction explique au jeune le fonctionnement du C E R, il pose les obligations de la vie quotidienne qui sont à respecter et éventuellement les conséquences si elles sont transgressées (ces informations sont traduites  dans le livret d’accueil qui est remis au jeune et à sa famille). Le magistrat valide les conditions du placement et le jeune est aussitôt acheminé par les soins du C E R, par le moyen de transport le plus approprié vers le site sur lequel il est affecté.

L’immédiateté de la mise en œuvre de la décision du magistrat est primordiale, des mesures spécifiques sont prises pour qu’elle ait lieu. Nous visons ainsi à créer l’effet de surprise pour ne pas dire de « sidération » qui est recherché dans la provocation de la rupture. Cette approche des modalités d’admission renforce la parole du magistrat qui « décide » et clarifie le rôle du C E R  qui exécute la décision. Dans la majorité des cas, l’adhésion du jeune n’est pas acquise d’emblée, mais au fur et à mesure du déroulement du séjour celle-ci s’installera progressivement (en tous cas c’est le but recherché).

Une admission en urgence pour une durée plus limitée (maximum du séjour 1 mois) est également possible, dans ce cas les modalités d’envoi du dossier et de présentation au magistrat sont allégées. En effet, dans le cadre d’une alternative à l’incarcération à la suite d’un déferrement, cela peut se faire sur simple appel téléphonique et le CER s’organise pour venir chercher le jeune directement au tribunal. Le départ est immédiat. Un arbitrage des  places disponibles et des demandes est organisé avec la Direction Départementale de la PJJ des Bouches-du-Rhône.

2) Déroulement du séjour :

Le jeune est admis dans un cirque et il est pris en charge par un encadrant .Chaque site accueille 2 jeunes (exceptionnellement 3). Il participe à toutes les tâches du cirque telles qu’elles sont définies par le patron. La période d’adaptation est d’environ 15 jours.

En fonction du temps d’adaptation et des problèmes rencontrés, le jeune peut être amené à changer de site ou d’activité. Des activités propres au CER , indépendantes des cirques sont également organisées au cours de la session du jeune,  le CER pouvant disposer de partenariat notamment dans la restauration ou pour des chantiers ponctuels. Selon les situations et parfois en fin de séjour pour une réadaptation en vue de l’après CER, ce type d’activité peut être proposée au jeune.

Pendant le séjour un contact soutenu est mis en place avec l’éducateur «fil rouge»  afin que celui-ci soit informé de l’évolution du  jeune. Tous les incidents font l’objet d’une note adressée au magistrat placeur avec copie à l’éducateur «fil rouge».

Du fait de l’itinérance qui peut concerner tout le territoire national, les incidents qui pourraient avoir des suites judiciaires sont  systématiquement signalés au parquet d’origine du jeune et au magistrat qui a ordonné le placement. Les parents ou leurs représentants sont également tenus informés.

Une journée type en pleine saison de cirque :

Les dates de la haute saison pour les cirques comprennent les mois de juillet et août, c’est la période des vacances donc de la présence de touristes. Pendant cette saison le cirque se déplace pratiquement tout les jour. Le lever  se fait aux environs de 6 heures du matin, le cirque roule en convoi jusqu'à sa nouvelle étape  (en général entre 30 et 60 km), pour une arrivée entre 10h 30 et onze heures du matin. Les animaux sont sortis, les caravanes installées, le chapiteau monté, les véhicules nettoyés. Une équipe part afficher la publicité du spectacle dans le village du lendemain ou du surlendemain. Ces travaux accomplis chacun se restaure dans son hébergement. Un temps de repos est pris en début d’après midi avant le spectacle qui peut avoir lieu à 18 heures ou à 20 heures. Quelquefois une matinée et une soirée sont données. Après le spectacle qui dure en général 1 heure 30 le chapiteau est démonté,  les affiches du lieu concerné le jour même retirées, l’emplacement nettoyé et le convoi préparé pour rouler le lendemain matin, le repas du soir est pris, Il est alors souvent 23 heures ou minuit.

Ce rythme quotidien très intense ne laisse en général pas le temps de vaquer à d’autres activités le cirque prend tout le temps.

Une journée type en basse saison :

En basse saison le cirque travaille deux ou trois fois par semaine (le mercredi et le week-end), les déplacements sont moins nombreux , les jours qui ne sont pas consacrés au voyage , peuvent permettre de mettre en place des activités d’entretien et de réparation sur nos propres véhicules et sur les véhicules du cirque. C’est le moment de repeindre, de nettoyer plus à fond et de se consacrer également à sa vie privée. C’est là que peuvent être mis en place des loisirs et des temps de récupération avec ou sans les personnes du cirque. Le rythme reste cependant soutenu dans la mesure ou le soin aux animaux doit être régulièrement fait chaque matin et chaque soir.

Cette vie en basse saison permet des horaires plus conformes à la vie habituelle : lever vers 8 heures  repas vers midi spectacle à 17 heures repas vers 20 heures coucher ver 23 heures.

3) La fin du séjour

Une visite sur place de l’éducateur « fil rouge » est organisée dans la mesure du possible afin de préparer la sortie du jeune qui dans tous les cas va être un moment délicat.

La sortie devrait pratiquement être prise en compte au moment de l’entrée dans le dispositif. En effet plus l’effet de rupture est important plus le retour dans la situation antérieure va être problématique. Si l’on ne veut pas perdre une bonne partie des effets bénéfiques de cette rupture obtenue en grande partie par l’éloignement et l’immersion dans un milieu de vie très atypique des propositions doivent êtres faites au jeune qui tiennent compte de l’expérience qu’il vient de vivre, l’intervention de l’éducateur fil rouge devient à ce stade primordiale.

L’accent sera mis sur la nécessité de ne pas laisser l’adolescent inactif après sa session de CER afin de poursuivre la dynamique qui aura été amorcée. L’étude de l’hébergement d’après CER sera sérieusement prise en compte dès les premières semaines de session. L’expérience montrant que la recherche en urgence d’un hébergement en fin de session peut paraître préjudiciable, qu’ un foyer collectif traditionnel peut rouvrir des plaies que le CER aurait pu fermer …L’examen d’une proposition de logement en semi-autonomie, même dès 15/ 16 ans, ne saurait être écarté. Tous ces aspects sont traités avec l’éducateur « fil rouge » qui pourra en fonction de l’évolution du jeune proposer au magistrat l’orientation la plus adaptée.

Une réunion de bilan a lieu. Et dans les 15 jours qui suivent la sortie, un rapport final sur le placement est adressé au magistrat : il fait le point sur l’évolution du jeune  pendant son séjour, peut comporter des suggestions d’orientation, qui auront été explicitées oralement avant le dernier jour du séjour .

X. L’activité

L’activité principale  s’organise autour de l’aide :

1         au montage et démontage du chapiteau

2         à l’affichage publicitaire

3         à la préparation du spectacle

4         aux soins aux animaux

5         à l’accueil des spectateurs

6         à la maintenance générale du matériel (petits travaux de soudure, peinture…)

Le « faire avec » se concrétise dans ces temps d’aide, il a pour objectif principal de créer entre les jeunes et l’encadrant une expérience commune dans des domaines ou chacun est néophyte. Cette expérience commune produit du relationnel que l’encadrant peut exploiter pour conduire une relation éducative plus approfondie. Le fait d’avoir ensemble produit un effort commun en se soumettant aux contraintes posées par une autorité extérieure permet de limiter les conflits, et de souder le groupe encadrant jeunes. «Le faire avec» c’est également organiser toutes les tâches de la vie quotidienne (achat des produits, préparation des repas, entretien du linge).

Chaque jour ou en tout cas plusieurs fois par semaine,  le cirque se déplace. La longueur des étapes et l’heure de la représentation influent sur l’organisation de la journée et la pénibilité des tâches. Ainsi si l’on prendre l’exemple  du spectacle à 20h 30, il faudra après la représentation  démonter le chapiteau, ranger les accessoires,  mettre le convoi en place pour le lendemain et dans ce cas, l’activité s’arrête entre 0h30 et 1 heure du matin.

Le mode d’hébergement, l’activité ainsi que l’itinérance répondent aux principaux objectifs fixés.

L’immersion dans ce milieu permet d’abord une socialisation ainsi que la découverte pour chaque jeune de ses propres potentialités. Loin du lieu de vie habituel, il peut se «lâcher» car il n’a pas à  défendre son image vis-à-vis des copains. Dans ce milieu, il peut se confronter, s’éprouver,  dans des activités physiques où tout le monde participe. La vie dans ce cadre permet de repérer facilement les règles, elle procure aussi un vaste espace de liberté où chacun peut trouver sa place.

Pour « tenir » le placement pendant trois mois, des activités dites de dégagement sont organisées, elles peuvent être de divers ordres, elles répondent au besoin d’anticipation des crises qui ne vont pas manquer de se produire pendant le séjour. Elles sont plus traditionnelles et elles  contribuent à souder le groupe qui est dispersé dans les différents cirques. Ce sont des micro-aventures  toujours dictées par des impératifs extérieurs afin de ne pas reproduire des situations d’exclusion. Ainsi lorsque qu’une situation sur un cirque est analysée comme tendue, une occupation extérieure est mise en place pour anticiper la crise, celle-ci peut aller de l’organisation d’un transport à la participation à une manifestation ponctuelle. Ces activités extérieures facilitent également la relation avec les partenaires circassiens qui doit rester équilibrée (nous apportons une aide, mais nous devons aussi vaquer à nos propres occupations). Ces activités peuvent être organisées vers la fin du séjour afin de procéder à une transition. Les jeunes sont alors avec un encadrant du CER dans le cadre d’activité indépendante du cirque.

XI. Organisation des moyens

1) Composition de l’encadrement et droit du travail

Il est composé de 10 équivalents temps plein en postes éducatifs, + 1 poste de chef de service éducatif. Complété par 0,5 ETP Administratif, 0.5 ETP Psychologue, 0.33 ETP Direction soit au total 12.33 ETP. Ces chiffres sont détaillés dans le projet de budget 2006,  joint au présent projet.

L’équipe est de formation pluridisciplinaire, mixte, et si possible  possédant une expérience de travail auprès d’adolescents.

Le recrutement s’oriente vers des personnes maîtrisant le « faire avec » et le « vivre avec », techniques éducatives « d’approche » et « d’accroche » qui permettent une restauration du dialogue et de la relation.

Le module fonctionnement de base étant d’un encadrant pour 2 jeunes (exceptionnellement 3), immergés dans le milieu d’un cirque familial, l’encadrement est organisé en binômes          (chacun effectuant une période de 12 jours) chaque encadrant effectuant  11 sessions  annuelles soit 132 jours de travail.

L’association n’applique pas de convention collective du secteur enfance inadaptée (1966 /1951), celles-ci n’étant pas compatibles avec le fonctionnement d’un tel projet. Le contrat de travail se réfère au droit général du travail,  le temps de travail est annualisé.

2) Secrétariat - Réunions et regroupements- Rôle de la direction

Le CER bénéficiera d’un local administratif situé près du tribunal pour enfants de Marseille ou d’Aix-en-Provence, représentant la majorité des demandes, pour y installer le secrétariat et la direction. Ce local servira de siège social de l’Association.

A chaque relève (tous les 12-14 jours), une réunion est organisée et animée par l’équipe de direction pour faire le point sur le déroulement du placement de chaque jeune et pour également mettre en commun les informations inhérentes au fonctionnement de chaque cirque. La direction du C E R a dans ce cadre une fonction fondamentale : réguler les relations avec les cirques afin que les termes du partenariat restent équilibrés. Le C E R a besoin du cadre de la structure cirque qui elle-même  bénéficie de l’aide de 2 jeunes et d’un encadrant.

3) Relations avec les cirques

Ce rapport équilibré peut être amélioré ponctuellement en aidant les cirques par le biais d’acquisition de matériels (caravanes, véhicules, chapiteaux) ou éventuellement l’achat de places de cirque qui pourront être utilisées par d’autres services sociaux sous forme de galas ces formes d’aides ponctuelles permettent  de ne pas entrer dans un mode relationnel avec le cirque « de prestation de service » qui pourrait créer des liens  de subordination.

Quelquefois, lors d’une crise aigue, un jeune peut être admis directement dans un cirque sans encadrants de base. Le cirque perçoit alors une pension pour l’hébergement et la nourriture. Cette option est mise en œuvre, à titre exceptionnel, particulièrement  pour des profils atypiques tels par exemple un jeune issu du monde des « voyageurs », ou un jeune en errance. Dans ce cas il s’agit de retisser des relations, le jeune étant en rupture totale avec le monde des adultes.  C’est le cadre de  direction qui suit régulièrement ce jeune pendant la période où il est dans cette situation. Cette modalité fera l’objet de régulières évaluations et d’une information auprès du magistrat placeur le plus souvent dès l’audience ou en cours de séjour. La Direction départementale en sera informée.

4) Rôle de la psychologue

L’intervention du ou de la psychologue se fait également dans le cadre de l’immersion dans l’un des cirques familiaux au même rythme que les encadrants. Son action est essentiellement  clinique. Les jeunes qui devraient assurément bénéficier d’un soutien sont alors affectés sur le site où se trouve le psychologue.

La psychologue participe aux réunions de service. Elle joue un rôle d’interface avec le secteur médical. Elle a la possibilité de voir les jeunes lors des regroupements.

 

XII. Evaluation contrôle

En dehors des contrôles traditionnels opérés par les instances Départementales ou régionales, ou des visites de magistrats,  un comité de pilotage est mis en place. Sa mission est d’évaluer la pratique du C E R. Il rédige un compte rendu diffusé aux instances de la PJJ, de l’Association, et des partenaires.

Il se réunit au moins deux fois par an et autant que de besoin. Il dégage les points faibles et les points forts du dispositif, il est un lieu d’analyse des pratiques.

Le comité de pilotage examine également individuellement l’évolution de chaque jeune, il valide le fonctionnement de la structure.

Entre chaque comité de pilotage, un bilan d’étape et des visites sont organisés régulièrement sur les sites concernés.

Proposition de Composition du comité de pilotage

Sont représentés :

·         Le Directeur régional PJJ

·         Le Directeur départemental PJJ

·         Le Président de l’Association

·         La direction du C E R et des membres de l’équipe du CER

·         Les tribunaux pour enfants du ressort et placeurs

·         Le parquet  et éventuellement des juges d’instruction

·         Un représentant de la Direction Départementale de la sécurité publique (Police)

·         Un représentant de la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (Gendarmerie).

XIII. Validation du projet CER

Le projet travaillé en lien avec la Direction Départementale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse des Bouches-du-Rhône est déposé au CROSM de la région PACAC pour être examiné à la session de décembre 2005. Le projet d’établissement sera élaboré par la suite après avis favorable des instances, avec les services de milieu ouvert de la PJJ,  les magistrats et lors d’un comité national d’évaluation. Les outils de la loi du 2 janvier 2002 seront créés, une fois que le projet sera validé.

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